TERRES VORACES… UNE RÉALITÉ TOUJOURS BIEN PRÉSENTE

@ Charly

C’est une véritable claque que ce roman qui va obliger le lecteur à pénétrer au cœur même de l’enfer des narcotrafiquants. C’est vrai que d’emblée l’auteur n’entend laisser planer le moindre doute sur le contenu de son récit. ‘À travers le drame des disparus du Mexique, c’est le destin de tous ceux qui – de l’Argentine à l’Espagne – sont devenus un jour ces ombres, que j’ai voulu ressusciter. Et plus encore par ce livre, à démontrer la force et la dignité de ceux qui n’ont de cesse de les retrouver.’

DANS UN PAYS QUE L’ON DEVINE AISÉMENT être le Mexique, Lucia fouille la terre des collines à la recherche de cadavres ensevelis par les cartels. Il faut savoir que la vie de cette femme a basculé le jour où sa fille, Bianca, a disparu. Une ado qui le jour de son enlèvement portait le maillot de son idole: Lionel Messi. Alors, comme c’est le cas dans ce pays où le crime demeure impuni, Lucia est bien décidée à ne pas se résoudre à accepter l’infamie.

SES RECHERCHES RESTANT VAINES, notre mère-courage décide d’envoyer une lettre au grand footballeur qu’est Messi. Et curieusement, profondément ému par la lutte que mène cette femme, l’illustre vedette, alors joueur du Barça, accepte non seulement de soutenir la cause qu’elle défend, mais également la volonté furieuse et brûlante qu’elle affiche malgré le fait que ses agissements commencent à devenir embarrassants pour le monde des trafiquants.

CE SERA DANS CE DÉCOR TRAGIQUE OÙ LES CRIMINELS abandonnent les corps de leurs victimes dans des fosses clandestines, des puits oubliés ou encore dans des trous creusés dans le désert, que Messi va débarquer lors d’un match de demi-finales de la Ligue des Champions. Si le Barça gagne, ses ravisseurs rendront la liberté à Bianca. Par contre, s’il est battu, Bianca sera exécutée.

IL EST BIEN ÉVIDENT QUE CE TYPE DE ROMAN, -mais est-ce vraiment un roman?– ne laisse guère de place à l’espoir. Ce que l’auteur nous raconte en toile de fond n’étant nullement de la fiction, mais le quotidien de ces régions que dirigent, suite à la bienveillance voir la complicité des instances politiques, ceux qui sont à la tête des différents cartels. Le grand art de l’auteur ayant été de mettre en face à face, l’antagonisme de la richesse du monde du foot de haut niveau et celui de la misère extrême. En fait, la futilité d’un match de la Ligue et le prix dérisoire d’une vie.

PETIT OUVRAGE DE 168 PAGES FAITES DE CHAPITRES EXTRÊMEMENT COURTS -2 ou 3 pages maximum- ces ‘Terres voraces’ sont portées par un style particulièrement sec, dont chaque phrase, chaque ligne, chaque mot, vous atteint comme un uppercut reçu en pleine face. Un roman qui atteste que la littérature, quand elle excelle à dire ce qu’on cherche à taire, s’avère une arme capitale face à l’oubli et à l’indifférence.  🔶

‘Terres voraces’, de Sylvain Estibal chez Actes Sud

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